PLU DE LEVENS ET GILETTE
Délibération 23.3 et 23.2 – PLU de LEVENS et GILETTE
Monsieur le président, je désirerais intervenir sur les deux délibérations 21.2 et 21.3 concernant les PLU de Gilette et de Levens.
Premièrement je suis un peu étonné de la qualité de présentation qui nous est faite du PLU de Gilette : un document photocopié en noir et blanc dont les cartes sont littéralement illisibles, à croire que le PLU a été tiré sur bonne vieille ronéo. A ce titre, il faudrait peut-être que la métropole pense à dégager une ligne budgétaire pour leur acheter un ou deux ordinateurs.
Plus sérieusement, je reste surpris de la manière dont l’application de la loi ALUR se fait sur ces communes périphériques de Nice.
Quand la loi ALUR a été présentée, elle avait pour objectif de densifier des zones de tissu urbain discontinu et diffus en vue de limiter l’étalement urbain. Ces zones consomment non seulement une grande part des espaces naturels et agricoles en périphérie des villes mais elles sont aussi très couteuses en matière de transport, d’assainissement et de collecte de déchets en multipliant les kilomètres de réseau
Or que constatons-nous dans les faits, au vu des règles de constructibilité des PLU qui nous sont présentés? On continue une politique d’urbanisation diffuse. En effet, il est expressément dit, p 10 du PLU de Gilette, et je cite « de limiter la densification », ce qui va à l’encontre de l’esprit de la Loi.
Pour Levens, son PADD dit bien qu’il faut densifier les zones UB, mais pour les zones UC on continue à faire de l’urbanisation diffuse avec des CES relativement faibles (entre 10 et 15 %) qui de facto entrainent inéluctablement un étalement urbain et une forte consommation de réserves foncières. En général, si on compare avant et après les surfaces de plancher, on constate en effet une hausse de 20 à 30 % des surfaces constructibles.
En résumé et de manière générale, on passe d’un ex COS réglementaire oscillant entre 0.1 et 0.2 à des emprise au sol et des hauteurs qui donnent des surfaces plancher équivalente à des COS variant en moyenne entre 0.15 et 0.25. En bref sur un terrain de 1000 m2 on passe de 100/200m2 de plancher à 150/250m2. Ce n’est pas avec de tels coefficients d’emprise au sol qu’on va densifier quoique ce soit.
Les dernières études effectuées sur la région PACA et le département montrent que si on continue de construire, autour de nos agglomérations, sur le même rythme, en 2040 nous aurons consommé la quasi-totalité des espaces naturels et agricoles, pour accueillir les 725 000 habitants (chiffres INSEE) supplémentaires. Ces chiffres peuvent paraitre excentriques mais ils sont réels.
J’ai fait un rapide calcul prospectif, sur la métropole, du nombre d’hectares urbanisés si ces règles d’urbanisme sont appliquées en fonction d’une croissance démographique de 15 % comme le prévoit l’INSEE. On arrive grosso modo à 2000 / 3000ha, soit entre 20 et 30 km2 d’urbanisation diffuse.
Franchement, je ne vois pas comment on va pouvoir sauvegarder nos terres agricoles et nos espaces naturels natura 2000 dans ces conditions. Finalement, ces règles risquent de transformer tous nos paysages en grande zones pavillonnaires.
D’autant plus que des solutions de densification souple existent. Par exemple avec les éco-quartiers qui permettent de densifier avec des emprises au sol équivalent à un COS variant entre 1 et 1.5. On obtient ainsi un habitat individuel et semi collectif qui donne une densité de 150 à 200 hab/ha. Rappelons que cette densité correspond à celle de nos cœurs de villages traditionnels. A titre de comparaison, en cœur de ville à Nice, nous sommes à 1000 hab /ha.
Monsieur le président, je ne veux pas apparaître comme un oiseau de mauvaise augure, mais je tiens seulement à vous alerter sur le caractère urgent à sauvegarder les réserves foncières en limitant un étalement urbain qui va s’avérer mortifère pour notre métropole.
Où les générations futures devront elles s’installer pour trouver des terrains de libre, si nous consommons toutes les réserves foncières disponibles ? Sans parler de la spéculation foncière qui va en résulter et qui fait déjà si mal aux budgets des ménages de notre métropole.
A ce rythme, il va falloir penser bientôt à prévoir un plan d’aménagement pour l’urbanisation de la Tinée et de la Roya ?