Présentation du rapport 2018 de développement durable

Conseil métropolitain du 8 novembre 2018

Intervention de Patrick ALLEMAND

Délibération 28.1Présentation du rapport 2018 de développement durable

Mme PAQUIS.

Merci, Monsieur le Président.

Il s’agit, comme chaque année avant le budget, du rapport développement durable. Cette année, c’est un peu particulier puisque nous arrivons presque à la fin de l’Agenda 21 qui est, je vous le rappelle, la feuille de route des actions environnementales des cinq dernières années pour la Métropole, et c’est aussi l’occasion de présenter des projets lors de ce conseil métropolitain que le président a voulu consacrer à l’environnement ; projets qui vont amplifier les actions précédentes et qui sont dédiés à l’environnement en attendant d’avoir la nouvelle feuille de route pour toutes les actions environnementales, sous un format qui ne sera plus un Agenda 21 mais qui ressemblera à un Agenda 21, en incluant les problématiques de PCAET (plan climat-air-énergie territorial) qui seront présentées tout à l’heure par le président, mais aussi les problématiques sur le plan mer.

Je vous rappelle que l’Agenda 21 comportait trois mots-clefs principaux :

  • la solidarité et le social
  • le développement économique
  • la synergie de la Métropole avec l’ensemble des communes

Un premier bilan, réalisé en avril 2018, montre que sur les 62 actions qui étaient inscrites dans cet Agenda 21, le taux d’avancement est de 86 %, avec pratiquement un tiers des actions terminées, et 47 % de ces actions sont à plus de 75 % de réalisation. À chaque exemple de réalisation dans ce rapport développement durable, vous trouverez l’action correspondante dans l’Agenda 21.

Je voudrais avant tout remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce document qui est extrêmement complet, qui de plus a été établi de façon rapide, puisqu’il est présenté de manière anticipée par rapport aux autres années. Je remercie d’abord les maires, les élus, toutes les directions, notamment la direction de l’environnement avec l’équipe de Thierry Pitout, Guillaume Beaurepaire, Arnaud Bonnin, Marjorie Bonnet et l’ensemble des équipes, parce que c’est un énorme travail qui est réalisé en interne.

Pour la présentation de ce rapport, je voudrais simplement parler de trois ou quatre focus que vous y trouverez, d’abord parce que ces focus illustrent en quelque sorte des actions prioritaires pour le territoire, et ensuite parce que leur intérêt va justifier certaines des mesures qui vont vous être présentées aujourd’hui, comme des mesures un petit peu transitoires pour ne pas attendre et ne pas perdre de temps par rapport à la nouvelle feuille de route.

Vous savez que nous avons un enjeu absolument majeur au niveau international en termes de climat. Bien entendu, avec l’élaboration du PCAET qui vous sera présenté tout à l’heure, la Métropole prend ces mesures au sérieux. Je voudrais faire un focus sur deux points.

Premièrement, l’utilisation de la géothermie. Comme vous le savez, nous avons une place prépondérante sur ce territoire dans tout ce qui concerne les technologies Smart Grids, mais il est clair que si l’on veut contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés, il va falloir trouver autre chose pour les énergies renouvelables. Vous verrez le projet qui est en cours sur la création d’un réseau de chaleur et de froid très important (plus de 30 GWh par an) qui va alimenter le quartier Nice Méridia et notamment un bâtiment qui est en quelque sorte totem, puisque c’est l’IMREDD, mais aussi l’Infini, le deuxième bâtiment du campus technologique, tout deux alimentés par ce réseau de géothermie. Il faut savoir aussi que l’innovation dans le cadre de ce projet est de le coupler à un réseau Smart Grids qui permettra de réduire de 20 % les consommations et les émissions de gaz à effet de serre dans ce quartier, si bien qu’à terme, Nice Méridia sera alimenté à 80 % par des énergies renouvelables. Cela montre l’intérêt de cette technologie. La suite vous sera présentée par Hervé Paul dans le cadre du nouveau projet qui concerne le Grand Arénas.

Un autre focus très important porte sur la mobilité durable et la nouvelle ligne du tramway. Je voudrais revenir sur l’un des enjeux prioritaires de cette nouvelle ligne et du schéma global routier au niveau de la ville de Nice et de la métropole, qui est l’enjeu sur la santé et l’environnement.

Vous dire simplement que, dans le bilan AtmoSud qui est en charge de surveiller la pollution de l’air dans notre territoire, le dernier bilan de septembre 2018 montre que l’évolution de la qualité de l’air en dioxyde d’azote, le principal polluant qui provient du trafic routier, est bonne puisqu’elle a baissé : on est passé entre 2008 et 2016, alors que le trafic routier est stable voire en légèrement augmentation, d’émissions de NO2, donc de dioxyde d’azote, de plus de 3 500 tonnes par an à moins de 2 500 tonnes par an, avec aussi un nombre de personnes exposées depuis 2011 à des seuils de dépassement qui a baissé de 50 %, puisqu’on était à 150 000 personnes, on est actuellement à 70 000 personnes qui sont au-delà de ces seuils de dépassement. Tout cela est lié bien entendu au renouvellement du parc automobile avec les nouvelles normes Euro, mais pas uniquement ; c’est lié aussi à la mise en place des aménagements qui ont eu lieu en termes de trafic, d’où l’importance de tout ce qui concerne la mobilité durable et qui va vous être présenté par Philippe Pradal et Louis Nègre, et donc la nécessité, avec la mise en place de ces nouvelles lignes de tramway, d’analyser et d’avoir des solutions innovantes pour améliorer la qualité de l’air en termes de mobilité durable.

Le troisième focus très important porte sur la biodiversité, notamment en milieu aquatique. On arrive à échéance du contrat de baie (je vous en parlerai tout à l’heure). Je suis allée à l’inauguration de l’IMEV, le nouvel institut de la mer de Villefranche, en juin dernier, cela correspondait avec la Journée mondiale des océans à l’Unesco. On parle de pollution plastique en mer, et l’Unesco avait consacré sa journée à cette thématique, parce que si l’on continue à ce rythme, pour 3 tonnes de poissons en 2025, on aura une tonne de plastique dans la Méditerranée : 80 % des pollutions plastiques marines sont d’origine terrestre, d’où l’importance de tout ce qui va être fait. Hervé Paul vous présentera les mesures très importantes qui seront prises pour limiter la production des plastiques.

Enfin, un dernier focus sur l’innovation. Je crois qu’il faut quand même être conscient que les solutions de demain à ces problématiques environnementales viendront de la capacité des scientifiques à innover, viendront aussi de la capacité des citoyens à s’emparer de ces innovations. Je voudrais simplement revenir sur la position du territoire, aujourd’hui, en termes d’innovation et de recherche, en rappelant l’importance de la labellisation de l’université Côte d’Azur, il y a deux ans, comme l’une des neuf universités du territoire dites massives en recherche, et la complémentarité qui existe avec les problématiques du territoire puisque les priorités de cet IDEX sont le numérique, les risques, la Smart City et la santé.

Dans le domaine du développement durable, il faut rappeler que l’IMREDD est actuellement hébergé par la métropole, que le nouveau bâtiment ouvrira en septembre 2019 et accueillera, sur 4 500 mètres carrés, plus de 480 étudiants, 150 enseignants chercheurs et une énorme plate-forme technologique qui permettra d’innover et de trouver des nouvelles solutions.

C’est la raison pour laquelle, dans ce cadre, la labellisation de l’institut 3IA sur le développement durable est quelque chose d’extrêmement important, parce que cela permettra de développer davantage de recherche.

Pour vous donner un exemple de l’importance des problématiques d’environnement et de santé, je citerai un projet qui est en cours, qui peut être réalisé parce qu’il y a du monitoring urbain à la Métropole et il y a des liens entre la Métropole, le CHU et UCA : nous avons aujourd’hui un projet qui est porté par le professeur Levraut aux urgences du CHU, qui vise à étudier les liens entre les polluants atmosphériques, les intoxications aiguës et les maladies cardiaques dans la population. Pour vous donner un exemple, c’est une étude qui va porter sur plus de 7 millions de patients qui sont passés aux urgences, dont toutes les données vont être comparées, analysées et partagées avec des données environnementales, puisqu’avec AtmoSud on a des capteurs avec une précision de 4 kilomètres.

Tous ces projets peuvent être menés parce qu’il y a une complémentarité, une stratégie, une vision entre le territoire, l’université et les entreprises.

Pour terminer, je voudrais dire que nous allons travailler sur la prochaine feuille de route. Nous avions trois mots-clefs pour l’Agenda 21 précédent et il y a au moins trois mots-clefs dont il faudra se servir pour cette future feuille de route :

  • la participation citoyenne : on reparlera tout à l’heure de l’Écophyto, toutes les communes de la métropole vont être impliquées dans ces problématiques de lutte contre les pesticides, mais si l’on n’a pas la coopération des citoyens, ça ne marchera pas, il faut donc trouver des moyens de développer cette participation citoyenne ;
  • la notion d’éducation : il faut absolument qu’on développe, qu’on sensibilise, qu’on explique ;
  • la troisième notion, je pense que vous l’avez compris, est la notion d’innovation, puisque c’est de là que viendront les solutions de demain, mais je pense que, sur ce territoire, nous sommes particulièrement bien partis dans ce domaine.

M. LE PRÉSIDENT.

Je vous remercie. Qui souhaite s’exprimer ? Patrick Allemand. Mon cher collègue, vous avez la parole.

M. ALLEMAND.

Merci, Monsieur le Président. Ce sera un temps de parole partagé avec M. Decoupigny.

D’abord, je voudrais dire que, à la lecture de ce document, il apparaît un problème de méthode, c’est le rapport de la Métropole et pas celui de la ville de Nice. Or, lorsqu’on regarde dans le détail ce rapport très intéressant d’ailleurs, en référence avec l’Agenda 21, il y a 217 actions qui sont répertoriées et, sur ces 217 actions, il y en a 89 qui ne concernent que la ville de Nice. Je trouve qu’il est difficile, dans ces conditions, d’y avoir assez clair.

Une fois que j’ai eu fini le lire, je me suis dit : mais qu’est-ce que c’est, le développement durable ?

Alors, je suis allé chercher la définition. C’est une nouvelle conception de la croissance économique, pensée d’emblée dans une perspective de long terme et qui intègre les contraintes liées à l’environnement et au fonctionnement de la société. Selon la définition donnée dans le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, où cette expression est apparue pour la première fois en 1987, le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

Eh bien, je suis désolé, mais ce n’est du tout ce que j’ai lu ! Ce n’est pas un rapport sur le développement durable que vous nous présentez, c’est un bilan de votre action. Le résultat, c’est qu’il y a dans ce document, à notre sens, des choses qui ne devraient pas s’y trouver.

Le projet Iconic, par exemple (page 12), on aime ou on n’aime pas. Moi, j’aime, mais peut-on considérer cela comme du développement durable ?

Page 53, en quoi le transfert de compétence du tourisme des communes vers la Métropole, ou page 54, la reprise en régie d’Acropolis et de Nikaïa, sont-ils du développement durable ?

Page 56, les assises de la mobilité, oui, c’est du développement durable, mais les emplois réservés aux harkis, qu’est-ce que cela vient faire dans le développement durable ?

Page 57, les ajouts de scooters électriques ou la dématérialisation des documents financiers, oui, c’est du développement durable, mais le contrat financier Métropole-État, que vient-il faire aussi dans ce rapport ?

Page 51, je suis aussi pour que l’on aide au développement du moteur de recherche Qwant, mais en quoi le remplacement de Google par Qwant est-il du développement durable, Monsieur le Président ?

J’en ai des tonnes comme ça : l’inauguration d’un clos bouliste au vallon des Fleurs, la livraison d’une salle de boxe à Pasteur, etc.

On est loin de ce que moi, je considère comme un document centré sur le développement durable, et cela apparaît plutôt comme un écran de fumée pour masquer quelque part les insuffisances de la politique en matière de développement durable qui a été menée jusqu’ici et qui nous conduit au bout de dix ans à ce que nous allons débattre cet après-midi.

[…]

Mme PAQUIS.

On en parlera tout à l’heure. Vous savez, Monsieur Allemand, je pense que la critique est aisée. Nous nous sommes battus depuis le début, précisément pour ne pas faire double emploi, pour faire un agenda métropolitain qui inclue à la fois les actions de la ville de Nice et les actions des communes.

Je pense qu’il faut rappeler le contexte : en 2013, cet Agenda 21 métropolitain était le premier qui incluait tout le monde et qui, en plus, permettait à des communes de mener des actions indépendantes – on en parlera tout à l’heure – soutenues par la Métropole. Quand vous voyez le travail que cela représente, c’est très facile de critiquer les services et les choix qui ont été faits, mais je pense que, au contraire, c’est un rapport qui fait la part belle aux communes, parce qu’il y a eu de vraies actions portées par les communes, et il y a aussi les actions de la ville de Nice.

Je pense que la critique est très facile.

Quant au développement durable, si vous savez ce que c’est… Ma définition du développement durable aujourd’hui, c’est tout, tout concerne le développement durable. Tous les gestes que vous allez avoir dans la vie de tous les jours concernent le développement durable. C’est très facile de dire que ceci ne concerne pas ou que cela concerne le développement durable, mais quand même, ce que je retiens de ce rapport, c’est que d’abord il est lisible, les choses qui ont été faites et qui sont importantes pour les gens y sont. Je vous laisse la critique, mais je pense que, cet après-midi, on pourra en parler.

En ce qui concerne le nombre d’emplois, je n’ai pas les chiffres précis, mais là aussi, on vient de parler de 3IA, est-ce que tout ce qui est fait au niveau de l’Écovallée avec un quartier Nice Méridia, une boucle de géothermie qui accompagne tout, l’attractivité, l’aide pour l’UCA et autre, l’universitaire que vous êtes va me dire que c’est mauvais pour la création d’emplois ?

Les services ont peut-être précisément les chiffres, je ne les ai pas à ma disposition, mais on vient de parler de 3IA, je trouve que c’est un peu anachronique de dire quand on est en train de montrer l’attractivité du territoire, non seulement tout ce qui est fait avec les entreprises, l’université, on parle d’attractivité du territoire et d’emploi, Patrick Allemand vous a dit « pourquoi Qwant », je vous réponds, c’est évident. D’accord, il faut peut-être que j’aie des chiffres plus précis, mais je pense que c’est très malvenu de dire qu’il y a vraiment des problèmes.

M. DECOUPIGNY.

Je parlais de l’urbanisation de la plaine du Var. Vous avez promis 30 000 emplois, même 50 000.

Mme PAQUIS.

La première chose, c’est d’avoir du temps. Peut-être que Christian Tordo va intervenir sur les chiffres précis.

M. LE PRÉSIDENT.

Merci, Madame Paquis.

On aura l’occasion de parler de tout cela cet après-midi, on ne va donc pas s’étendre. Simplement la plaine du Var, je le rappelle, avec Christian Tordo, c’est un établissement public où l’on est en train de renouveler la convention avec l’État, pour 64 M€ d’ici 2026. La première partie, c’est-à-dire à peu près 30 M€ sur six ans, a généré 900 M€ d’investissements privés. 30 M€ d’argent public entre l’État et les collectivités, 900 M€ d’investissements privés, avec déjà plus de 5 000 emplois qui ont été créés sur les 30 000 qui sont l’objectif à terme.

Et ce ne sont pas nos chiffres, ce sont ceux de l’établissement public qui est un établissement d’État.

Il n’y a pas de vote, il s’agit de prendre acte.

Le conseil métropolitain prend acte.