Présentation du rapport 2018 sur la situation en matière de développement durable de la ville de Nice
Conseil municipal du 17 octobre 2019
Délibération 1.5 – Présentation du rapport 2018 sur la situation en matière de développement durable de la ville de Nice
Monsieur le maire, mes chers collègues,
Le débat sur le rapport annuel du développement durable est toujours très intéressant car il permet de remettre en perspective l’action municipale que vous conduisez. C’est aussi le document qui illustre le mieux le décalage qu’il existe entre la politique que vous souhaiteriez mener et celle que vous mettez en œuvre dans la réalité. Je le dis tout net, cette conception est dépassée et nous ne pouvons plus nous le permettre tant les enjeux sont majeurs au moment ou différents spécialistes commencent à agiter l’année 2100 comme un épouvantail. Je vous fais juste remarquer que 2100, c’est demain, que nos enfants et petits enfants qui naissent aujourd’hui auront 80 ans. On ne peut plus perdre de temps en mesurettes.
Dans le chapitre consacré à l’amélioration de la qualité de la vie vous faites un focus contre la pollution de l’air. Parmi les mesures prises, vous vous félicitez de la lutte contre les doubles files. En effet, il y a eu en 2015, 5017 verbalisations contre 26 421 en 2018. Mais, que représente la meilleure fluidité de circulation dans la lutte contre la pollution de l’air quand, dans le même temps, il y a une enquête publique en cours pour agrandir l’aéroport de Nice Côte d’Azur et accueillir 4 millions de passagers de plus à l’aéroport ? Qu’est ce que cela représente quand vous continuez, malgré nos demandes réitérées, à financer des études pour un grand port au large de l’aéroport ? Ces incohérences ont des conséquences. Nous sommes placés parmi les grandes villes à la 99ème place sur 100 pour notre qualité de l’air. Il n’y a toujours pas de capteurs à l’aéroport malgré la demande des associations environnementales et 500 personnes meurent chaque année à Nice à cause de la pollution atmosphérique. Voilà votre bilan !
Dans le chapitre production et consommation responsable, vous évoquez la préservation des commerces. Mais, est-ce que vous vous promenez en ville ? Est-ce que vous voyez le nombre de commerces qui sont à louer ou à vendre ? Est-ce que vous voyez l’activité commerciale reculer, et la colère des commerçants qui mettent en cause pêle-mêle la nouvelle politique de stationnement, les grandes surfaces, le déclin des quartiers ? C’est ça votre bilan. Nous avons voté pour Ikéa et nous l’assumons mais en plus de l’extension de Cap 3000, vous avez voulu faire Polygone, Nice One et 10 000 m² de grande surface commerciale au grand Arénas. Nous nous sommes opposés à ces projets.
Dans le même chapitre, vous évoquez la diversification économique mais ce n’est pas avec 4 millions de passagers en plus à l’aéroport que nous la voyons arriver, pas plus que nous ne voyons arriver les 50 000 emplois que vous aviez promis lors du lancement d’Eco-vallée. Vous voulez le vrai chiffre ? Je vais vous le donner : 2500 emplois ont été créés à ce jour. Nous sommes à 5 % de l’objectif. Tout simplement parce que vous appliquez une norme, un emploi par 10 m² de bureaux sans tenir compte du contexte et du tissu économique local. Et, quand on demande ce que vont devenir les bureaux de l’Arénas, ceux libérés par la métropole, par exemple, on nous réplique que les normes environnementales et numériques sont dépassées. Que vont-ils devenir ? Une friche ?
Enfin, un 3e point évoqué est celui la protection des zones agricoles. Vous annoncez une nouvelle politique agricole alimentaire visant à favoriser l’installation, développer les circuits courts, protéger le foncier agricole. Il serait temps. Tout le monde connaît la fertilité de ces terres. Au début du XXe siècle la production était auto-suffisante pour la ville de Nice. En 1960, il y avait encore 260 hectares consacrés aux maraîchages. Vous n’êtes pas responsable de tout, c’est le résultat de 30 ans de laisser-aller où l’urbanisation a été encouragée par les PLU successifs, qui n’ont parfois même pas respecté les recommandations de la DTA. Vous y avez quand même votre part, car vous avez sacrifié l’intégralité de la zone des Iscles jusqu’à l’Allianz Riviera. Résultat, nous sommes aujourd’hui à 2,1 % d’autonomie alimentaire pour la ville de Nice.
Dans le chapitre consacré à la biodiversité vous traitez les milieux aquatiques, marins et eau potable. Là encore est énumérée une batterie
de mesurettes, utiles en elles-mêmes mais qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Plusieurs chercheurs affirment que la disponibilité en eau sur la plaine du Var n’est pas assurée au delà de dix ans, qu’il devient de plus en plus difficile de recharger la nappe phréatique, que le Var va connaître des périodes de sécheresse intégrale comme le Paillon et que la surconsommation d’eau sur le littoral va poser des problèmes. Rien dans ce rapport de développement durable ne nous projette dans ce futur peu enviable.
J’aurais encore beaucoup à dire sur ce document intéressant mais le temps manque. Le Plan Local d’Urbanisme métropolitain est contesté y compris par la Haute Autorité Environnementale, c’est peut-être l’occasion de faire faire une étude environnementale globale qui mette mieux en évidence les enjeux et les priorités.