Rapport de la métropole NCA sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes pour 2018
Conseil métropolitain du 8 novembre 2018
Intervention de Christine DOREJO
Délibération 55.1 – Rapport de la métropole Nice Côte d’Azur sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes pour 2018 – Orientations
Mme DIOUF.
Merci, Monsieur le Président.
Permettez-moi, Monsieur le Président, avant de proposer au conseil la délibération de ce rapport, de partager quelques chiffres-clefs sur l’égalité femmes-hommes, plus exactement les points d’alerte en 2018. Je pense qu’il est assez important d’entendre le recueil de données 2018 du secrétaire d’État chargé de l’égalité et du droit des femmes.
L’intérêt des chiffres est qu’ils parlent d’eux-mêmes, Monsieur le Président, et nous montrent encore le long chemin que notre société doit emprunter sur cette thématique. Ils disent la réalité des situations et jouent, à ce titre, un rôle d’alerte. Ils permettent aussi d’évaluer l’impact des politiques publiques, de mesurer les progrès réalisés et d’identifier les résistances à l’œuvre.
Les données statistiques dans les domaines de la culture, de l’égalité professionnelle, de l’accès au droit, ou encore les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement, sont donc un outil essentiel pour identifier les avancées à réaliser partout où l’égalité entre les femmes et les hommes doit progresser : à l’école, au travail, dans nos collectivités, dans l’espace public, au sein même des familles.
Quelques chiffres-clefs à retenir.
Dans la sphère professionnelle, 37 % des femmes ont déjà été interrogées au cours d’un entretien d’embauche sur leur désir d’avoir des enfants, et ce taux atteint 42 % pour les femmes âgées de 25 à 34 ans.
En ce qui concerne les chiffres de la sphère privée, la maison, il est bon de rappeler que 72 % des tâches domestiques sont encore réalisées par les femmes.
En ce qui concerne l’éducation, au sein de l’Union européenne, la part des femmes diplômées s’élève à 42 % contre 34 % pour les hommes.
En matière d’emploi, en France, le taux d’activité des femmes âgées entre 15 et 64 ans s’élève à 67 % contre 75 % pour les hommes. Près d’un tiers des femmes travaillent encore à temps partiel, contre 8,2 % des hommes.
En matière d’inégalité salariale, les femmes gagnent en moyenne 24 % de moins que les hommes et 9 % de moins à poste équivalent et compétences équivalentes. Je ne parlerai pas du plafond de verre.
Le rapport de la métropole Nice Côte d’Azur en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, vous l’aurez compris, s’inscrit dans ces politiques correctrices. Réalisé pour la troisième année consécutive, ce rapport prend en compte ces inégalités, je dirai même ces discriminations.
Dans notre territoire, Monsieur le Président, vous avez décidé d’agir et, sous votre autorité, nous menons une politique volontariste et correctrice.
Ce rapport 2018, bien que relevant d’une obligation réglementaire et législative, émane d’une volonté forte de votre administration de mettre au premier plan la question de l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de son organisation, mais également sur son territoire.
Les différents éléments chiffrés que vous trouverez dans ce rapport 2018 sont factuels, détaillés et parfois semblent exprimer un déséquilibre, mais ce qu’il est important de comprendre et de retenir, c’est que les éléments observables cachent des raisons structurelles liées aux habitudes, aux comportements, et ces déséquilibres sont souvent indépendants de la gestion de notre collectivité.
C’est pour cela qu’avec ma collègue Nadia Lévi, le services RH en complémentarité avec ma DGA droits des femmes et solidarités, Mme Sophie Berrettoni, et la coordinatrice de la mission égalité Dominique Ramirez – je tiens ici à les remercier d’ailleurs pour la qualité de leur travail et les défis que nous menons au quotidien sur cette politique correctrice de l’égalité -, il nous paraissait primordial de montrer et d’expliquer les quatre grands phénomènes qui se cumulent.
Il est donc proposé au conseil métropolitain de bien vouloir :
- prendre acte de la présentation du bilan de la politique conduite en matière d’égalité entre les femmes et les hommes au cours de l’exercice 2018 ;
- approuver les nouvelles orientations 2019 de cette politique tant au niveau des ressources humaines que de la vie locale, en mettant en place les actions prévues par le plan d’action 2016-2020, autour des cinq axes de travail retenus qui sont : réduire les stéréotypes, lutter contre les violences faites aux femmes, améliorer l’articulation des temps de vie, favoriser, promouvoir et diffuser une culture de l’égalité, développer la mixité.
M. LE PRÉSIDENT.
Je vous remercie. Qui souhaite intervenir ? Oui, Madame Dorejo.
Mme DOREJO.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
Je vois que, décidément, vous n’êtes pas écouté, et c’est bien dommage pour vous, puisque depuis déjà quelques années maintenant, cela fait deux ans, vous demandez de façon régulière, et je le vois en effet à travers ce rapport annuel, de féminiser, masculiniser s’il le faut, les titres, grades et fonctions, et je vois qu’ici d’ailleurs il n’y a aucune conseillère métropolitaine, je vous en informe, il n’y a que des conseillers métropolitains ! Si l’on regarde les DG, c’est pareil, il s’agit uniquement d’adjoints, il n’y a pas d’adjointes !
C’est ainsi, mais enfin, on continue.
Je sais que le CCAS a fait beaucoup d’efforts là-dessus, mais il a fallu avancer.
À la lecture de ce rapport, il y a une première action très simple, me semble-t-il, qui serait, comme vous vous y étiez engagé il y a deux ans, de féminiser votre organigramme. Or, si je lis ces organigrammes mis à jour au 31 juillet 2018, il n’y aurait au sein de cette assemblée que des conseillers métropolitains.
Je voudrais quand même, Mesdames, que vous soyez d’un côté, de l’autre, au milieu, où vous voulez, que vous disiez vous aussi un petit peu les choses. Nous représentons la moitié de l’humanité, nous avons le droit d’exiger un certain nombre de choses.
Soyons un peu sérieux, Monsieur le Président, et commencez déjà à faire ce que vous avez dit que vous feriez.
Dans votre rapport d’ailleurs, en page 5, je peux lire :
Comment impulser des actions auprès de la population si les directions qui les conduisent n’ont pas intégré ces enjeux et ne peuvent montrer l’exemple ?
Mais je suis bien d’accord avec vous, Monsieur le Président ! Comment pouvez- vous être crédible dans les déclarations écrites dans ce rapport si vous n’êtes pas capable de modifier ne fût-ce qu’un organigramme ? Pas même l’organigramme de la direction des ressources humaines ne donne l’exemple. Pourtant, vous n’auriez qu’à demander à quelqu’un que vous connaissez bien, je crois, le président délégué de la région PACA Sud, il vous montrerait comment faire, car il n’y a rien à redire sur leur organigramme de ce point vue là.
Heureusement, ce rapport nous livre quelques informations intéressantes.
La population est majoritairement masculine : 2 agents sur 3 sont des hommes (64 %).
Les femmes sont moins absentes que les hommes : 2,9 jours, alors que pour les hommes c’est 4,4 jours ; il faudra y réfléchir.
Mais, à statut égal, les femmes continuent de gagner moins que les hommes, même si la différence a globalement un petit peu baissé entre 2017 et 2018.
Mais, vous l’avez compris, ce sont les axes stratégiques qui nous intéressent le plus et nous vous demandons d’être vous-même exemplaire pour lutter efficacement contre ces stéréotypes. Les quatre axes que madame l’adjointe vient de nous présenter sont tout à fait exacts et nous sommes entièrement d’accord là-dessus, bien évidemment, et je suis convaincue que, dans cette salle, nous partageons tous cette volonté.
Sur le budget alloué, même si, comme vous l’avez vous-même déclaré au sujet des mesures en faveur de l’environnement…
M. LE PRESIDENT.
Je m’excuse, mais vous avez dépassé de plus d’une minute votre temps de parole.
Mme DOREJO.
C’est vrai ? Je finis ma phrase.
Je conviens que les mesures en faveur de l’égalité ne peuvent apparaître dans un budget identifié, car il apparaît, comme l’environnement, de façon transversale dans différents domaines ; or, compte tenu des enjeux, il me semble important de mettre les moyens financiers sur des actions concrètes. Vous annoncez 80 M€ par an pour l’environnement, combien allez-vous mettre pour l’égalité femmes- hommes ?
Je vous remercie pour votre attention, Monsieur le Président.
M. LE PRÉSIDENT.
Merci, ma chère collègue.
Vous avez quand même un peu d’empathie pour les hommes, j’espère ?
Mme DOREJO.
Beaucoup, même ! Et j’apprécie le travail qui a été fait et d’ailleurs Mme Maty Diouf le sait parfaitement.
Mme DIOUF.
Absolument.
M. LE PRÉSIDENT.
Saluons au passage notre directrice générale adjointe Mme Monique Bailet qui est la plus haut gradée de notre administration municipale. Saluons au passage Mme Sophie Berrettoni, directrice générale adjointe. Saluons au passage le fait que, dans notre commission administrative paritaire de montée de grade en catégorie A, sur les trois dernières années, il y a systématiquement une majorité de promotions pour les femmes par rapport aux hommes.
Mme DOREJO.
Derrière vous à la tribune, au sein des services, je ne vois qu’une seule dame.
M. LE PRÉSIDENT.
J’ai peur que les hommes m’en veuillent de rappeler tout cela !
Madame Maty Diouf ?
Mme DOREJO.
Merci, Madame l’Adjointe, vous faites un bon travail, je le sais. Mais modifiez les organigrammes !
Mme DIOUF.
Le combat ne se situe pas uniquement là, Madame Dorejo.
En tout cas, je tenais à vous remercier et à vous dire combien je suis heureuse de votre implication féministe, mais vous rappeler aussi que ces politiques correctrices sont une volonté politique et nous avançons. Étant donné d’où nous venons, nous avançons. Et simplement peut-être aussi me permettre de vous dire qu’en effet, Paris ne s’est pas fait en un jour. En tout cas, nous avons la volonté et je vous remercie de participer le plus souvent possible aussi à nos travaux.
Mme DOREJO.
Juste une chose : nous ne sommes plus rémunérées depuis le 6 novembre !
M. LE PRÉSIDENT.
Le débat est terminé, je vous remercie. C’est un débat obligatoire avant la présentation de chaque exercice budgétaire. Le temps ayant passé, il ne reste que 15 minutes, je propose que nous passions…
Ah ! Pardon, Madame le maire de Gattières. Chère Pascale Guit, vous avez la parole.
Mme GUIT.
Je voudrais porter une parole différente de celle que nous avons entendue jusqu’à présent, de ces dames, que je partage mais pas complètement. Je pense qu’il n’y aurait rien de pire pour nous, les femmes, que d’obtenir un poste parce qu’on est une femme et qu’on n’est pas compétente. Je préférerais qu’on obtienne des postes parce que nous sommes compétentes et pas parce que nous sommes des femmes.
[Applaudissements]
Mme DOREJO.
Bien sûr, mais nous sommes compétentes !
Le conseil métropolitain prend acte.